Général d'Empire
Gaspard Amédée Gardanne né à Solliès-Pont le 30 avril 1758, au n°9 de la rue de la Miséricorde (actuellement rue Pierre Brossolette), fils de Joseph et de Magdeleine, Rose Jaubert. Il meurt le 14 août 1807 à Breslau (Silésie) de fièvre bilieuse et de chagrin (mort de son fils le 12 juin 1807).
Il entra au service, le 1er mars 1779, comme lieutenant dans les canonniers gardes-côtes, et y resta jusqu'au 30 septembre 1780, époque de son passage dans les Gardes du corps du roi. Sorti de ce corps en 1784, il se retira dans ses foyers et ne pensait plus à reprendre les armes lorsque la Révolution française éclata.
Une coalition formidable menaçait l'indépendance de la patrie et de nombreux volontaires accouraient aux frontières pour repousser l'agression. Le patriotisme de Gardanne ne fit point défaut dans cette circonstance solennelle ; il offrit ses services, fut élu deuxième chef de bataillon du 1er bataillon du Var, le 16 septembre 1791, et eut le commandement de ce même bataillon le 30 novembre 1792. C'est en cette qualité qu'il fit les campagnes des Alpes, et préluda par des actes de bravoure aux titres nombreux qu'il s'est acquis depuis à la gloire militaire et à la reconnaissance de la patrie française.
Adjudant-général chef de brigade par arrêté des représentants du peuple Ricord, Fréron, Barras et Robespierre le jeune, en date du 13 septembre 1793, il fut confirmé dans ce grade par décret de la Convention du 23 germinal an II, et prit une part active aux opérations du siège de Toulon.
Passé à l'armée d'Italie, Gardanne se distingua le 9 messidor an III. Envoyé par le général Dallemagne pour suivre les mouvements de l'ennemi qui avait projeté de s'emparer du camp de Sabion (Piémont), pour descendre ensuite à Tende, cet officier général reconnut qu'il était urgent de faire rétrograder l'ennemi, et il chargea Gardanne de diriger cette opération. Ce dernier partit avec un bataillon de tirailleurs et un détachement de la 165e deini-brigade, franchit avec intrépidité des précipices affreux, chargea les Piémontais, les culbuta avant même qu'ils eussent eu le temps de se reconnaître et leur fit éprouver des pertes considérables.
Nommé provisoirement général de brigade, au mois de brumaire an IV, par le représentant Fréron, il se signala, le 11 prairial suivant, au passage du Mincio. L'avant-garde ennemie, forte de 4 000 fantassins et de 1 800 cavaliers, défendait l'approche de Borghetto. Mis en déroute par la cavalerie française, les Autrichiens se hâtent de passer le pont et d'en couper une arche. L'artillerie légère engage aussitôt la canonnade. Le pont est raccommodé sous le feu de l'ennemi ; mais une cinquantaine de grenadiers impatients d'aborder l'ennemi, se jettent à la nage tenant leurs armes et leurs fourniments au-dessus de leur tête et ayant de l'eau jusqu'au menton. Le général Gardanne, grenadier par la taille comme par le courage (selon les expressions du rapport du général en chef Napoléon Bonaparte), était alors à leur tête. Les Autrichiens, épouvantés de tant d'audace, prennent la fuite; le pont est rétabli; les grenadiers passent le Mincio et s'emparent de Valeggio, quartier général de Beaulieu, qui venait d'en sortir à l'instant même. Le 18 thermidor an IV, à la bataille de Castiglione, le général Gardanne tourna l'ennemi, fondit sur lui, le mit en déroute, et par ce mouvement hardi contribua puissamment au succès de cette affaire.
Le 25 brumaire an V, à la première journée d'Arcole, il fit 400 prisonniers ; à la seconde, 2,300, parmi lesquels se trouvait un général-major, et il enleva 11 pièces de canon et 2 drapeaux. Le 27, au moment où l'ennemi faisait son mouvement pour s'emparer du pont, le général en chef Bonaparte donna l'ordre à Gardanne d'aller s'embusquer dans un bois, à la droite du pont, avec 2 bataillons de la 32e demi-brigade, pour défendre le passage de l'Adige. Dès que les Autrichiens parurent, Gardanne les attaqua avec impétuosité ; il les culbuta, leur fit 2 000 prisonniers et rejeta les fuyards dans l'Adige, où un grand nombre se noyèrent. Au moment où il débouchait du bois, il fut blessé par un coup de feu, mais il n'en continua pas moins à diriger sa colonne. Confirmé dans son grade de général de brigade, par arrêté du Directoire, en date du 10 germinal an V, il continua de faire la guerre en Italie et ne démentit point la belle réputation qu'il s'était acquise dans les campagnes précédentes.
Il se distingua surtout, le 23 floréal an VII, à Bassignana, où il contribua au succès de cette journée. L'état de faiblesse numérique auquel se trouvait réduite l'armée française l'ayant obligé à prendre des positions plus resserrées, le général Gardanne alla s'enfermer dans Alexandrie. Il défendit longtemps celte place contre une armée de 15 000 Austro-Russes; mais le mauvais état des fortifications et le manque d'approvisionnements paralysèrent ses généreux efforts, et il se vit forcé de rendre la place aux ennemis. Au commencement de l'an VIII, Gardanne vint à Paris et prit une part très-active aux événements de la journée du 18 brumaire; aussi le Corps législatif le comprit dans son décret au nombre de ceux qui avaient bien mérité de la patrie, en faisant un rempart de leur corps au général Bonaparte. Celui-ci, devenu premier Consul, n'oublia point les services de Gardanne ; il le nomma général de division le 15 nivôse an VIII.
Appelé au commandement de la 6e division d'infanterie de l'armée de réserve, le 10 floréal suivant, il combattit avec une rare valeur, le 17 prairial, au passage du Pô. Le 23, après la bataille de Montebello, l'avant-garde était en marche pour passer la Scrivia : Gardanne rencontre l'ennemi qui défendait les approches de la Bormida et les trois ponts qu'il avait près d'Alexandrie ; il l'attaque aussitôt, le culbute et lui fait une centaine de prisonniers. Le 23, à Marengo, il fut chargé de s'emparer, avec sa division, du village de ce nom et l'emporta après une courte résistance. Il suivit vivement les Autrichiens jusqu'à leurs retranchements sur la Bormida, leur enleva 2 pièces de canon et prit position à la cassine de Pedrebona, en avant de Marengo, et à égale distance de ce village et de la Bormida. Dans cette journée, le général Gardanne surpassa la réputation qu'il s'était faite jusqu'alors. Les services qu'il y rendit lui valurent la mention honorable que le gouvernement fit de lui dans son arrêté du 7 messidor, ainsi conçu : Les Consuls de la République, voulant donner une preuve de la satisfaction du peuple français au général de division Gardanne, qui s'est conduit à la bataille de Marengo avec autant de bravoure que d'inlelligence, arrête ce qui suit : "Le ministre de la guerre fera donner au général Gardanne un sabre sur lequel seront inscrits ces mots : Bataille de Marengo, commandée en personne par le premier Consul. — Donné, par le gouvernement de la République, au générât Gardanne. — Le premier Consul, signé Bonaparte".
Le général Gardanne contribua encore, sous les ordres du général Brune, aux passages du Mincio, de l'Adige, de la Brenta et à toutes les victoires de cette courte mais glorieuse campagne de l'an IX, qu'il avait fallu faire pour assurer enfin la paix.
Rentré en France le 12 thermidor an IX, le général Gardanne fut nommé commandant de la 20e division militaire le 4 fructidor suivant. Le premier Consul lui confia le commandement des troupes françaises employées dans la république de Gênes, le 7 floréal an X, et le 18 messidor an XI, il le chargea de celui des corps français stationnés dans la république italienne.
À la création de la Légion d'honneur, Gardanne, membre de droit, fut classé dans la 8e cohorte et nommé commandant de l'Ordre le 23 prairial an XII. Il continua d'exercer les fonctions dont il était revêtu jusqu'au 21 fructidor an XIII, époque à laquelle il passa au commandement d'une des divisions de l'armée d'Italie sous les ordres de Masséna, qui le cita avec les plus grands éloges pour ses talents et sa bravoure lors du passage du pont du vieux château de Vérone, le 26 vendémiaire an XIV.
Gardanne se distingua le 17 brumaire suivant au combat de Caldiero. Passé en 1806 au 9e corps de la Grande Armée, il rendit des services signalés pendant les campagnes de Prusse et de Pologne.
Après la paix de Tilsitt, il revenait en France par la Silésie, lorsqu'il fut atteint d'une fièvre à Breslau, où il mourut le 14 août 1807.